Conférence CRIUGM – André-Roch Lecours

Heure : 16h à 17h
Lieu : ZOOM et l’amphithéâtre Le Groupe Maurice au CRIUGM

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Conférencier

Jean-Yves Reginster est Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchement, diplômé de l’Université de Liège. Il a suivi plusieurs formations spécialisées (Médecine Physique et Réhabilitation Fonctionnelle à Liège, Belgique, Santé Publique à Nancy, France, et Politiques de Santé à Ann Arbor, Michigan). Il dirige le Centre Collaborateur de l’OMS sur les Aspects de Santé Publique, de la Santé et du Vieillissement Musculosquelettique. Il est Professeur Extraordinaire de Santé Publique, Epidémiologie et Economie de la Santé, de Bioéthique et de Médecine Sociétale à l’Université de Liège. Il a, au préalable, enseigné à l’Université de Georgetown à Washington. Il est également Professeur Invité à l’Université King Saud de Riyadh en Arabie Saoudite. Il a représenté la Belgique, durant quatre ans, à l’Agence Européenne du Médicament. Il est le fondateur de la Fondation Internationale de Lutte contre l’Ostéoporose et le Président actuel de la Société Européenne d’Etude des Aspects Cliniques et Economiques des Maladies Musculosquelettiques. Ses sphères d’intérêt concernent l’ostéoporose, l’arthrose, la sarcopénie et le vieillissement musculosquelettique en général. Il est l’auteur de plus de 1000 publications référencées et son h-Index est de 95.

Titre de la conférence

Sarcopénie : Du choix de la définition aux stratégies thérapeutiques

En comparaison d’autres pathologies induites par le vieillissement musculosquelettique, comme l’arthrose ou l’ostéoporose, la sarcopénie a été « découverte » relativement récemment. Depuis lors, si la définition conceptuelle de ce qui était tout d’abord un syndrome, avant d’être reconnu comme une entité nosologique à part entière, il y a seulement trois ans, ne génère guère de débat, la transformation de ce concept en définition opérationnelle semble poser beaucoup de problèmes. Dans un premier temps, la masse musculaire a été utilisée, peut-être par analogie à l’ostéoporose, comme le critère princeps permettant d’affirmer le diagnostic. Différentes définitions ont été proposées par des groupes scientifiques de renommée internationale mais les problèmes principaux rencontrés touchaient à la fois le paramètre à mesurer et les seuils à partir desquels le diagnostic était posé. Malheureusement, en appliquant les différentes définitions retrouvées dans la littérature, l’incidence et la prévalence de la maladie variaient de manière très significative, de même que les risques de présenter les conséquences cliniques inhérentes à la sarcopénie, comme les hospitalisations, les chutes, les fractures voire les décès. Récemment, le Groupe Européen d’Evaluation de la Sarcopénie chez les Personnes Agées a proposé une version remaniée de sa définition, mettant en exergue l’importance d’un dépistage simple (SARC-F), suivi de la mesure de la force musculaire (préhension), de la masse musculaire (DXA ou bio-impédance) et, pour définir la sarcopénie sévère, de la performance (SPPB). Bien que tous les débats ne soient pas clos, cette définition a le mérite de réduire la prévalence observée de la sarcopénie, ce qui, au niveau des agences réglementaires et plus spécifiquement des organismes chargés du remboursement des médicaments, semble ouvrir des portes qui restaient fermées, lorsqu’étaient évoqués des traitements devant toucher 30 à 40% de la population âgée. A ce jour, différentes cibles thérapeutiques ont été identifiées mais peut-être en raison de l’absence de définition unanimement acceptée et subséquemment de population cible sur laquelle tout le monde s’accorde, les études cliniques n’ont pas été couronnées de succès. Les plus abouties permettaient d’améliorer significativement la masse musculaire mais sans répercussion claire au niveau de la force ou de la performance. Dès lors, la plupart des consensus recommandent un traitement associant des apports nutritionnels (principalement un accroissement de l’apport protéique chez les personnes âgées) et des exercices physiques contre résistance. Nonobstant, plusieurs études multicentriques sont actuellement en cours et devraient déboucher, à brève échéance, sur une prise en charge pharmacologique efficace, permettant de soulager le fléau que représente la sarcopénie pour la population vieillissante.