Découverte d’un traitement pour bloquer la progression de la sclérose en plaques

6 octobre 2015

 

Les chercheurs ont identifié une molécule appelée MCAM et ont démontré que de la bloquer pouvait retarder le début de la maladie et freiner significativement sa progression. Photo : Thinkstock

Les chercheurs ont identifié une molécule appelée MCAM et ont démontré que de la bloquer pouvait retarder le début de la maladie et freiner significativement sa progression. Photo : Thinkstock

Un médicament prometteur qui vise à stopper l’évolution de la sclérose en plaques pourrait bientôt voir le jour grâce à une découverte d’une équipe du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM). Les chercheurs ont identifié une molécule appelée MCAM, et ils ont démontré que de bloquer cette molécule pouvait retarder le début de la maladie et freiner significativement sa progression. Ces résultats encourageants, tirés d’essais in vitro chez l’humain et in vivo chez la souris, sont publiés aujourd’hui dans Annals of Neurology.

«Nous pensons avoir identifié une première thérapie qui aura un impact sur la qualité de vie des personnes atteintes par la sclérose en plaques en diminuant significativement le handicap et la progression de la maladie», affirme le Dr Alexandre Prat, auteur principal de l’étude, chercheur au CRCHUM et professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal.

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique qui se manifeste par des paralysies, des engourdissements, des pertes de vision, des déficits d’équilibre et de la marche qui mènent à un handicap chronique. Il n’existe pas de cure efficace. La maladie touche particulièrement les jeunes adultes des pays nordiques. Au Canada, environ 75 000 personnes en sont atteintes.

Le cerveau est normalement protégé des agressions par la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière sang-cerveau empêche les cellules du système immunitaire – les lymphocytes – de pénétrer dans le système nerveux central. Chez les personnes atteintes par la sclérose en plaques, il y a des fuites. Deux types de lymphocytes, CD4 et CD8, trouvent le moyen de franchir cette barrière protectrice. Ils attaquent le cerveau en détruisant la gaine de myéline qui protège les neurones, ce qui entraîne une diminue la transmission de l’influx nerveux et la formation de plaques.

En 2008, l’équipe du Dr Prat a identifié une molécule d’adhésion cellulaire, appelée MCAM (Melanoma Cell Adhesion Molecule), qui joue un rôle crucial dans le dérèglement du système immunitaire observé dans la sclérose en plaques. «Nos études ont montré que la molécule MCAM est nécessaire pour la migration des lymphocytes CD4 et CD8 à travers la barrière hémato-encéphalique. Si on bloque l’interaction de MCAM avec la protéine à laquelle elle se lie normalement, on diminue l’activité de la maladie», dit-il. Parallèlement, la firme de biotechnologie Prothena Corporation a découvert des éléments complémentaires à MCAM, ce qui a mené à une collaboration entre les chercheurs du CRCHUM et Prothena.

Les résultats sont très positifs. «Nous avons observé une diminution d’environ 50% de la maladie sur les souris atteintes d’une forme de sclérose en plaques appelée encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE). Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’on peut freiner la maladie dès les premiers symptômes en plus d’avoir un impact sur sa progression, ce qui est une première», fait valoir le Dr Prat.

La sclérose en plaques se développe chez la plupart des patients en deux phases. Pendant 10 à 15 ans, il y a des poussées de symptômes entrecoupées de rémissions. Par la suite, la maladie progresse et le handicap s’aggrave, menant à l’utilisation de la canne ou de la chaise roulante. Actuellement, aucun des médicaments disponibles sur le marché n’affecte la progression de la maladie.

De son côté, Prothena a développé un anticorps monoclonal qui a le potentiel de freiner la progression de la maladie. Cet anticorps appelé PRX003 bloque la molécule MCAM et empêche ainsi les lymphocytes destructeurs de migrer vers le cerveau. La firme Prothena a l’intention d’entamer les essais cliniques de cet anticorps PRX003 chez des volontaires sains d’ici la fin juin, avant de poursuivre avec une étude chez des personnes atteintes de psoriasis en 2016. Au-delà du psoriasis, les anticorps destinés à bloquer MCAM pourraient être utilisés pour traiter plusieurs maladies, dont les formes progressives de la sclérose en plaques.

À propos de cette étude

Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Société canadienne de la Sclérose en plaques et le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). Alexandre Prat est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la sclérose en plaques. Au CRCHUM, Alexandre Prat, Hania Kebir et Nathalie Arbour détiennent un brevet sur MCAM. Chez Prothena Biosciences, Ken Flanagan et Ted Yednock sont en attente de brevet sur les traitements avec les antagonistes de MCAM. Pour plus d’informations, consultez le résumé de l’article dans Annals of Neurology.

À propos du CRCHUM

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) améliore la santé chez l’adulte par un continuum de recherche universitaire de haut niveau qui, en améliorant la compréhension des mécanismes étiologiques et pathogéniques, favorise le développement, l’implantation et l’évaluation de nouvelles stratégies préventives, diagnostiques et thérapeutiques. Le CRCHUM offre un environnement de formation assurant une relève engagée dans une recherche d’excellence.

Source : Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM)

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