Impacts cérébraux d’une thérapie pour les personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette

6 octobre 2015

 

En plus de son effet sur les tics chroniques, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) permettrait de modifier le fonctionnement cérébral des personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette (SGT).

En plus de son effet sur les tics chroniques, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) permettrait de modifier le fonctionnement cérébral des personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette (SGT).

En plus de son effet sur les tics chroniques, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) permettrait de modifier le fonctionnement cérébral des personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette (SGT). C’est ce que nous apprend une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal) et de l’Université de Montréal, dont les résultats seront présentés aujourd’hui au 1st World Congress on Tourette Syndrome and Tic Disorders, qui se tient actuellement à Londres.

Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) est un trouble neuropsychiatrique dont la principale caractéristique est la présence de tics moteurs et vocaux chez les patients qui en sont atteints. Un tic est généralement défini comme un mouvement ou une vocalisation semi-involontaire et sans but précis. «Il n’existe pas encore d’explication définitive des causes de ce syndrome, mais on sait que les tics sont liés à une mauvaise communication entre l’aire motrice supplémentaire, une région du cortex cérébral, et des régions plus profondes, qu’on appelle les noyaux gris centraux,» explique Simon Morand-Beaulieu, étudiant au Centre d’études sur les tics et les tocs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et au Département de neurosciences de l’Université de Montréal.

Combinée à la médication, la thérapie cognitivo-comportementale aide à diminuer de façon importante les tics. Dans les faits, la TCC permet de normaliser l’activité observée dans la région de l’aire motrice supplémentaire, entre autres par des exercices de relaxation et de discrimination musculaire focalisés sur les muscles associés aux tics. «Outre les effets bénéfiques sur les tics, nous voulions voir si la TCC modifiait concrètement le fonctionnement cérébral des personnes atteintes de SGT,» affirme monsieur Morand-Beaulieu.

Avant de débuter la TCC, les participants à l’étude, atteints du SGT, ont achevé une tâche expérimentale typiquement conçue pour susciter une activité cérébrale au niveau des aires motrices supplémentaires. Il s’agissait d’une tâche durant laquelle les participants devaient donner une réponse manuelle en fonction de la couleur d’une flèche pointant à droite ou à gauche. Les chercheurs ont pu alors observer une suractivité des aires motrices supplémentaires et des déficits quant à la sélection et à la préparation adéquate de leurs mouvements. Néanmoins, suite à la thérapie, ils ont constaté que les tics avaient diminué significativement et que les fonctionnements cérébral et moteur des personnes atteintes étaient comparables aux participants sans SGT.

Autre découverte intéressante, lors de l’accomplissement de la tâche expérimentale, les chercheurs ont remarqué que les participants atteints du SGT avaient également une suractivité des régions frontales lorsqu’ils devaient inhiber un mouvement. Cette suractivité demeure toujours présente après la thérapie. «Il pourrait s’agir là d’un mécanisme adaptatif, qui proviendrait de l’expérience qu’ont les patients à inhiber leurs propres tics. Ils pourraient donc performer aussi bien que les participants sans SGT lors d’une tâche demandant du contrôle cognitif, mais cela se ferait au coût d’une plus grande activité du cortex frontal,» explique Marc Lavoie, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et superviseur des travaux de recherche.

De façon concrète, ces résultats permettront d’enrichir les approches thérapeutiques et certaines stratégies motrices afin d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de SGT. «Très bientôt, il sera possible de partager ces données neurophysiologiques avec le psychologue menant la TCC et ainsi corriger ou de bonifier le traitement des personnes aux prises avec le syndrome de Gilles de la Tourette,» conclut monsieur Lavoie.

À propos des auteurs

Marc Lavoie, chercheur, Centre d’études sur les troubles obsessifs-compulsifs et les tics, Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal); directeur, Laboratoire de psychophysiologie cognitive et sociale; professeur-chercheur agrégé, Département de psychiatrie et de neuroscience, Université de Montréal.

Simon Morand-Beaulieu, doctorant, Centre d’études sur les troubles obsessifs-compulsifs et les tics, Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CETOCT); étudiant, Département de neurosciences, Université de Montréal.

Messieurs Lavoie et Morand-Beaulieu seront disponibles pour des entrevues à Montréal le 22 juin et à Londres (Angleterre) du 23 au 30 juin.

À propos de l’étude

Morand-Beaulieu, S., O’Connor, K.P., Blanchet, P., Lavoie, M.E. (sous presse). Cognitive-behavioural therapy induces specific electrocortical changes in persistent chronic tic and Tourette’s disorder. Neuropsychologia. http://dx.doi.org/10.1016/j.neuropsychologia.2015.05.024

Ces travaux ont été financés par une subvention de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada et par une subvention de soutien aux équipes du Fonds de recherche du Québec – volet Santé. Simon Morand-Beaulieu a reçu une bourse de la Tourette Association of America pour aller présenter ces résultats à Londres.

Plusieurs membres du Centre d’études sur les troubles obsessifs-compulsifs et les tics présenteront leurs plus récents travaux de recherche au 1st World Congress on Tourette Syndrome and Tic Disorders à Londres. Entre autres, la psychologue Julie Leclerc présentera les résultats d’une étude portant sur l’effet du traitement Façotik chez les enfants et les résultats d’un essai clinique randomisé tenu auprès des adultes.

Source : Institut universitaire en santé mentale de Montréal