MARINA MARTINEZ : PERCER LE MYSTÈRE DES TRAUMAS MÉDULLAIRES PAR LES NEUROSCIENCES

8 mai 2018

Marina Martinez, professeure sous octroi adjointe

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Marina Martinez a toujours été fascinée par les sciences, particulièrement tout ce qui concerne le cerveau. « Plus jeune, je passais beaucoup de temps avec les chevaux, car j’ai fait de la compétition équestre pendant 15 ans. Je me posais diverses questions à leur sujet, par exemple comment leur cerveau fonctionnait différemment du nôtre. Je savais déjà que j’exercerais un métier lié au cerveau avant même d’intégrer l’université », raconte la chercheuse originaire de France.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Marina Martinez a toujours été fascinée par les sciences, particulièrement tout ce qui concerne le cerveau. « Plus jeune, je passais beaucoup de temps avec les chevaux, car j’ai fait de la compétition équestre pendant 15 ans. Je me posais diverses questions à leur sujet, par exemple comment leur cerveau fonctionnait différemment du nôtre. Je savais déjà que j’exercerais un métier lié au cerveau avant même d’intégrer l’université », raconte la chercheuse originaire de France.

À 19 ans, Marina Martinez prend le chemin de l’Université de Nantes pour réaliser un baccalauréat en psychologie. Son diplôme en poche, l’étudiante ne poursuivra toutefois pas dans la voie de la psychologie. « Il me manquait l’aspect biologique dans mes études. Je me suis donc dirigée vers les neurosciences pour ma maîtrise et j’ai su rapidement que c’était dans ce domaine que je souhaitais travailler. »

Je savais déjà que j’exercerais un métier lié au cerveau avant même d’intégrer l’université.

En 2006, Marina Martinez participe à un symposium sur les traumas médullaires (lésions de la moelle épinière) qui tracera la voie de ses futures recherches. « Des personnes souffrant de paralysie se trouvaient en fauteuil roulant et je me disais qu’il n’existait pas de traitement efficace pour ces patients. J’ai donc décidé de réaliser un projet pour mon doctorat qui visait entre autres à évaluer différentes méthodes thérapeutiques comme les greffes de cellules dans des modèles animaux de trauma spinal. »

Une rencontre avec le Dr Serge Rossignol, un chercheur montréalais reconnu mondialement pour ses recherches sur les traumatismes de la moelle épinière dans des modèles animaux mais aussi chez l’homme, lors d’une conférence à Paris, incitera Marina Martinez à traverser l’Atlantique pour réaliser son postdoctorat à l’Université de Montréal. « Réaliser mon postdoctorat avec le Dr Rossignol a été une expérience formidable. Nous avons publié plusieurs articles ensemble et découvert des principes fondamentaux qui gouvernent la récupération locomotrice après un trauma médullaire, dont la capacité de réorganisation de la moelle épinière. »

L’ancienne étudiante du Dr Rossignol est aujourd’hui professeure sous octroi adjointe au Département de neurosciences de l’Université de Montréal. Elle possède également son propre laboratoire situé au pavillon Paul-G.-Desmarais ainsi qu’au Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Son équipe s’intéresse notamment aux mécanismes de récupération de la marche et du rôle de la plasticité (capacité de réorganisation du système nerveux) dans des modèles animaux après un trauma médullaire. « Dans les modèles animaux, nous intervenons sur la moelle épinière ou le cerveau en créant artificiellement des lésions en manipulant l’activité des circuits nerveux impliqués dans le contrôle du mouvement. Nous observons ensuite comment l’animal récupère ses fonctions motrices après une atteinte médullaire et étudions quels sont les mécanismes neurobiologiques impliqués dans cette récupération. À partir de là, nous pouvons élaborer des thérapies de réhabilitation et essayer de trouver des stratégies qui vont accélérer la récupération motrice. »

Le génie biomédical est une discipline à laquelle on fait appel au laboratoire de Marina Martinez, afin de mieux comprendre les mécanismes cérébraux de la récupération motrice. « Un étudiant ingénieur au postdoctorat conçoit actuellement des neuroprothèses. C’est ce qu’on appelle des interfaces cerveau-machine. Ces interfaces permettent de stimuler certaines parties du cortex cérébral par un ordinateur, afin de favoriser la récupération de la marche chez le rat. »

Quelque 86 000 Canadiens souffriraient de lésions médullaires partielles (paraplégie) ou complètes (tétraplégie). Plus de 4 300 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. « Les traumas médullaires sont la deuxième cause de paralysie après les AVC », ajoute la chercheuse.

Le but premier des recherches de Marina Martinez est d’améliorer les conditions de vie des blessés médullaires en mettant sur pied des traitements efficaces. Il est toutefois trop tôt pour l’application de ses travaux de recherches sur des patients. « Nous devons recueillir une quantité très importante d’information et de données avant de réaliser des essais cliniques. Stimuler le cortex d’un être humain ou intervenir dans sa moelle épinière peut être extrêmement risqué. Ce dernier peut se retrouver avec des douleurs chroniques et nous ne souhaitons évidemment pas cela. »

Les voyages pour s’évader

Dans son bureau du pavillon Paul-G.-Desmarais de l’Université de Montréal, des photographies disposées sur son bureau rendent compte de la passion que Marina Martinez voue toujours aux chevaux. « Mes chevaux sont demeurés en France », dit-elle avec amour. La chercheuse a toutefois une autre passion. « J’adore voyager et particulièrement dans des endroits inhospitaliers. Me retrouver dans le Grand Canyon a été une expérience mémorable. Le parc national du Gros Morne à Terre-Neuve est également époustouflant. Les fjords, les caribous et le silence qui y règnent rendent l’endroit très ressourçant. »

Rédaction : Técia Pépin
Photo : Bonesso-Dumas